Le plus beau des cadeaux

Un conte de Noël

Avant de s’endormir, Julien regarda encore sa boîte à trésor. Dans les rayons de lune, les quelques grains de sel qu’elle contenait brillaient déjà un peu. Demain, à la pleine lune, ils seraient resplendissants. Il pourrait sortir et en récolter assez pour remplir sa petite boîte. Il en était sûr. Même si son père l’avait interdit. Il l’avait surpris, il y a trois mois, et lui avait raconté que des monstres rôdaient la nuit dans les salines. Des histoires pour les enfants, vraiment, se disait Julien. D’ailleurs, il n’en avait jamais vu.

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Larmes

La mer commence ici, peut-on lire à côté de quelques bouches d’égout. Je crois même qu’elle commence dans chaque maison, dans chaque évier.

D’ailleurs, une légende raconte que si la mer est salée, c’est d’avoir accumulé les larmes de tous les chagrins de l’humanité. Innombrables raisons de pleurer. Les occasions perdues, les blessures, les espoirs déçus. Le sel de la vie qu’on n’a pas goûté s’enfuit dans nos larmes, dans l’évier où l’on se rince le visage d’avoir trop pleuré, dans l’égout, le fleuve, l’océan. Qui n’en peut plus d’accumuler la tristesse des hommes.

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Distanciation sociale, sus au virus!

Distanciation sociale, saucissonnage sociétal salutaire et exercice de diction. Sceptiques, certains salissent la sagesse de la science. Sera-t-il sorti au solstice, ce virus, cette salissure ? Si ces sans-souci assassinent sans sourciller les sacrifices sollicités, satisfaire à ce scénario serait hallucinant. Sûr, si la sérénissime Sophie* susurre souvent ses discours saisissants et suscite ces sarcasmes, ce serait sensationnel. La résistance à la sagesse surgirait, se renforcerait, s’en serait fait de la persévérance sus au virus.

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Confinement

14ème jour de confinement.

Je rêve de métro aux heures de pointe, celui de Tokyo où les employés – avec des masques et des gants – entassent les passagers dans les rames. Je rêve de sentir un parapluie qui s’enfonce dans mes côtes, de respirer l’haleine de mon voisin, de me bagarrer pour la dernière place libre, de sentir des odeurs de dessous de bras, les odeurs de mille aisselles rassemblées dans une pièce trop petite, une rave party gigantesque où les danseurs se cognent et se bousculent.

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Chapelle

A l’entrée de ma rue, une chapelle reste éclairée tout le nuit. Elle est juste assez grande pour héberger une statue de Marie et une jeune suppliante. Quelques fleurs au pied de Marie, quelques autres près de la Soubirou. La chapelle est repeinte de frais. Pas une tache de rouille ne ternit la porte vitrée et grillagée qui en interdit l’accès. Dans les fleurs, la photo d’un homme, encore jeune.

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Dimensions

Paterson écrit sur les trois dimensions dans lesquelles nous vivons : hauteur, largeur et profondeur. C’est comme une boîte à chaussures nous dit-il. L’image que j’utilise plus volontiers, c’est celle des trois doigts de la main, le pouce, l’index et le majeur, que j’étends perpendiculairement l’un à l’autre. Bien sûr, ils forment ainsi un coin de la boîte à chaussures.

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