À quoi bon écrire un poème
puisque tout périra ?
à quoi bon, si le monde doit disparaître
dans le feu nucléaire
ou l’effet de serre
à quoi bon, si rien n’est éternel
À quoi bon
aligner des mots
cadencer les sons
mélanger les sens
écrire ce poème ?
que pourrais-je ajouter
à Hugo, à Rimbaud ?
Qui le lira, qui le chantera ?
mais alors, ces mots
les hurler dans la rue
les tagger sur un mur
les poster sur un blog
les murmurer à mon oreiller, à mon doudou ?
À quoi bon écrire ce poème
ne me dit pas
que c’est l’espoir
d’un moment de gloire ?
À quoi bon ?
pour quoi faire ?
nourrir les affamés
combattre l’injustice
éveiller les consciences
raisonner les idiots ?
À quoi bon écrire ce poème ?
Mais pour l’étincelle, pour la flamme, pour l’incendie !
bon sang, pour l’élan, l’envol, l’ivresse, l’extase !
le contact avec l’infini
le feu qui renaît sous les cendres
l’envol du phénix
le bonheur de trouver le bon mot
Un lever de soleil dans la brume
un seul regard qui s’allume
voilà pourquoi