A l’entrée de ma rue, une chapelle reste éclairée tout le nuit. Elle est juste assez grande pour héberger une statue de Marie et une jeune suppliante. Quelques fleurs au pied de Marie, quelques autres près de la Soubirou. La chapelle est repeinte de frais. Pas une tache de rouille ne ternit la porte vitrée et grillagée qui en interdit l’accès. Dans les fleurs, la photo d’un homme, encore jeune.
C’est une petite rue, sans trottoir ni accotement, à peine assez large pour une grosse voiture. Quelques pieds dessinés par terre évoquent pourtant le passage des piétons vers l’école, le jardin d’enfant ou la maison communautaire toutes proches.
Dans les fleurs aux pieds de Marie
la photo d’un homme –
les voitures passent
Devant la chapelle, des fleurs en pot. Impérissables. depuis plus d’un an. Elles sont en tissu, comme celles de la chapelle, d’ailleurs, figées depuis mon arrivée dans le quartier.
Souvent, une voiture, le vent ou un piéton maladroit renverse ces fleurs. Heureusement, il n’y a pas de terre dans le pot. Et le lendemain, les fleurs indestructibles ont été redressées. Qui s’en préoccupe ainsi, une vieille mère, une voisine bigote, les enfants de l’école ?
Pas un chat –
derrière ses rideaux
la vieille dame aux aguets