Ouvertes, grandes ouvertes, toutes les portes des magasins.
Shopping de Noël oblige : aucune folie, aucun effort n‘est excessif pour attirer le chaland, pour lui éviter tout effort superflu et le faire
entrer,
acheter,
consommer.
Tout effort, fût-ce pousser une porte, doit lui être épargné. Elle aurait pu être coulissante, automatique, mais toute attente doit lui être évitée. Ce délai causé par l’effort, ou cet instant d’attente, pourrait être fatal, le faire reculer.
Ajouter un quart de demi seconde, pendant lequel le consommateur pourrait intercaler un éclair de réflexion entre la tentation suscitée par la vitrine et le plaisir de la possession ? Ajouter un instant où le raisonnable pourrait trouver une petite place entre la pulsion d’achat et sa réalisation ?
Non ! Il faut l’éviter à tout prix.
Et donc, cadeau de Noël pour ce mendiant frigorifié qui traîne devant la porte du magasin, déversez-vous sans vergogne, torrents d’énergie, calories superflues. Apportez-lui une brève bouffée de chaleur.
Heureusement, même en ces temps barbares où la peur de l’autre et le besoin de sécurité l’emportent sur tout autre valeur, aucun vigile, aucun cerbère n’est là pour le bousculer et briser cet instant de bonheur.