sur le pont des Arts
et ailleurs
sur des grilles
à Rome, à Séoul, à Singapour
des cadenas
des cadenas d’amour
verrouiller l’amour
se rassurer
peur de l’avenir
l’amour change
besoin de certain
Alain Henry
sur le pont des Arts
et ailleurs
sur des grilles
à Rome, à Séoul, à Singapour
des cadenas
des cadenas d’amour
verrouiller l’amour
se rassurer
peur de l’avenir
l’amour change
besoin de certain
planter un arbre –
c’est creuser la terre
pour une naissance
Vert
porte malheur
il paraît
Pourtant vert
c’est la vie
le bois vert
pas le bois mort
À quoi bon écrire un poème
puisque tout périra ?
à quoi bon, si le monde doit disparaître
dans le feu nucléaire
ou l’effet de serre
à quoi bon, si rien n’est éternel
délicatement
il déshabille
le mannequin
fin de conversation
craquement des chaises
et des articulations
train au départ
abandonné sur le quai
un mégot
contrôle technique
Ferrari et 2CV
à la même vitesse
sentier du terril
sur les scories du passé
la vigne écarlate
Tout est rond
escalader la face Nord
de mes pensées en boucle
Tout est rond
mon caleçon, mon pompon
Tout est bond
à pieds joints
dans les glaçons
dans les charbons
dans les chardons
Tout est son
rythme, souffle, évasion
Tout est bon
le ton, le don, le fond
Tout est con
à ma façon
Écrit à un atelier d’écriture de Jérôme Jadot, le 28 août 2021
Bleu
le ciel – évidemment
limpide
sans limite
la caresse
du soleil
et du vent
extase
le monde
si petit
tout est possible
il faut pourtant
y replonger
s’y coltiner
comme une plume
ballottée par les vents
comme Icare
aux ailes brûlées
ou comme l’aigle
qui fond sur sa proie
Rouge
le feu, le sang
est-il une couleur plus ambivalente ?
incendies ou braises du foyer
blessure béante ou énergie qui circule
fruit mûr ou poison
l’être humain est ainsi fait
qu’il joue avec le feu
désir ou interdit ?
toujours
en équilibre
sur le fil
amour ou enfer ?
sans savoir de quel côté
il va tomber